L’oeuvre de Michel Gourdon (1925-2011) est associée, à juste titre, au roman populaire et notamment à l’aventure des éditions Fleuve Noir pour lesquelles il illustre plus de 3500 couvertures de 1949 à 1978. Ses images contribuent au succès des collections Espionnage, Spécial-Police et Angoisse, par ses compositions d’inspiration cinématographique, qui emportent l’imagination des lecteurs avant la première ligne du récit, et par ses séduisantes pin-up.
Le paradoxe de Michel Gourdon réside entre la confidentialité de sa signature et les tirages faramineux, portés par Coplan, OSS 117, San-Antonio (bien sûr !) et des auteurs mythiques tels que G.-J. Arnaud, Rank ou G.-M. Dumoulin.
Né en 1925, Gourdon étudie aux Beaux-Arts de Bordeaux dont il revendique l’héritage classique. Les séances de nus académiques nourrissent sa maîtrise du dessin des corps féminins. Après une expérience sans lendemain dans le dessin animé et en tant que dessinateur industriel (amer souvenir), c’est la rencontre décisive, en 1949 avec Armand de Caro, co-fondateur du Fleuve Noir qui oriente sa carrière.
Dès lors, les couvertures d’Espionnage de Gourdon s’étalent sur les présentoirs des cafés-bars-tabacs des années soixante, dans une esthétique imaginaire de la Guerre Froide qui va s’inscrire dans la mémoire collective.
Ses années Fleuve Noir, ne doivent pas faire oublier ses craquantes pin-up vintage au lavis pour Paris-Flirt ainsi que les nombreuses couvertures de romans sentimentaux. Insouciant du discrédit attaché aux romans à l’eau de rose, il réalise de superbes compositions classiques pour les éditions J’ai Lu, Tallandier, les revues Maxi et Télé 7 Jours.
Le souvenir et la reconnaissance de son oeuvre ont longtemps été soutenus par les collectionneurs et fanas de San-Antonio. Le salon Bibliomania met à l’honneur cet artiste fascinant, par cette exposition-vente d’une sélection de ses plus belles gouaches.