Thème : Paris by Night

Pour sa septième édition d’octobre 2019, le salon BiblioMania met en lumière la vie nocturne parisienne.

La Ville Lumière est célébrée par les plus grands écrivains pour sa beauté et ses charmes, elle se raconte dans la littérature « Paris est une fête » Ernest Hemingway. « Les Nuits de Paris ou le spectateur nocturne » de Nicolas Edme Restif de La Bretonne (1788).

La ville, la nuit est évoquée par Emile Zola lorsqu’il décrit « le ventre de Paris » tandis que Victor Hugo voit dans la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris, l’âme de la ville. La nuit venue, dans l’île Saint-Louis Théophile Gautier et Charles Baudelaire partagent des expériences hallucinogènes au sein du Club des Hashichins…On ne peut penser à la capitale sans évoquer l’enchantement du spectacle de Paris avec ses strass et ses paillettes du Moulin Rouge, du Lido, du Paradis Latin. La vie nocturne se prolonge également à Montmartre, au Lapin Agile, ou à Montparnasse, au Chat Blanc.

Paris des années folles qui cause à la Closerie des Lilas, qui danse à la Coupole, au Bal Blomet.

’intelligentsia de l’entre-deux-guerres se retrouve à la Coupole ou au Sélect, où les écrivains se lient et se délient et réinventent le monde. Paris-rendez-vous, avec ses voluptés ou ses dessous obscurs de l’alcôve.

Paris Jazz, de Duke Ellington à Miles Davis, Paris chanson, « Le Chat noir » d’Aristide Bruant …je cherche fortune …à Montmartre le soir… « Le Boul’Mich’ après minuit » de Gabriel Montoya (1896). « A Paname un soir » de Berthe Sylva. Et Paris qui danse et se déhanche et qui admire Joséphine Baker, Mistinguett, Vincent Scotto.

Paris la nuit, qui rit, qui batifole et s’effiloche de contorsion en illusion ou désillusion.

Paris dans le 7e Art « Paris la Nuit » de Henri Diamant-Berger (1930), « French Cancan » (Jean Renoir, 1955), « Moulin Rouge » (John Huston, 1952), « Midnight in Paris » (Woody Allen, 2011).

Paris la nuit, les chats deviennent gris.

Alexandre Dupouy : Les Larmes d’Eros

Spécialités photographie vintage et Curiosa.

Le nom nom de notre enseigne, Les Larmes d’Éros, nous confie Alexandre, a été choisi en hommage à l’éditeur et à l’auteur de l’ouvrage éponyme, Jean-Jacques Pauvert et Georges Bataille. Cet essai consacré à l’histoire de l’érotisme, analysé par la pensée « bataillienne », étudie les relations entre le putto et la grande faucheuse. Mais ce choix, outre la beauté du titre, est surtout un hommage à cet Éros qui pleure, perpétuellement en lutte contre l’obscurantisme et les dogmatismes de tous bords. Voilà l’un des rares sujets qui parvient à mettre d’accord l’ensemble des idéologues de la foi : « Sus au chérubin bardé de flèches capricieuses. Non aux plaisirs, sinon gare aux châtiments. » Pourtant, comme l’affirme si poétiquement Marcel Duchamp, de toute évidence, « Rose Sélavy »…
La passion ou la curiosité n’attend pas le nombre d’année. Quand Alexandre était jeune coursier, il dépensait ses économies à l’Hôtel Drouot en cartes postales et en vieilles photos. Le placement va s’avérer judicieux. Une collection se constitue facilement. De là à en faire le commerce, le pas est facilement franchi en 1977 aux Puces de Montreuil. Puis en 1979, la première boutique – Y Grecque (boulevard Saint-Michel), puis en 1981, la librairie Violet (rue Violet).
Sa rencontre avec Jocelyne sa femme accentue l’activité avec l’ouverture de trois autres librairies, Bloody Mary (rue Linné et rue St Jacques), Et dans chacune des deux librairies, un rayon curiosa (érotisme, histoire des mœurs, photographies…) qui devient envahissant. C’est pour éradiquer ce « mal » qu’une troisième librairie est ouverte en septembre 1991, Les Larmes d’Éros (rue Amelot), ainsi qu’une maison d’édition, Astarté, du nom de la première Vénus. Qu’est ce qui fait courir Alexandre, on se le demande.

Jean-Pierre Decnop : Fils de l’Age d’or du cinéma

Jean-Pierre Decnop est le fils de la librairie « L’Age d’Or » une enseigne belge de Charleroi en Belgique qui existe depuis 1986.

 C’est naturellement que Jean-Pierre, bercé par l’univers de la BD et du cinéma cultive son activité dans le même secteur. Les vraies stars ne meurent jamais. Au box-office des affiches de films, Marilyn Monroe et Audrey Hepburn sont les modèles les plus recherchés par les chineurs, de même que les classiques du cinéma d’avant-guerre et les « James Bond » des années 60. Une des plus belles pièces qu’il a vendues est l’affiche authentique du chef-d’œuvre de Cocteau « La Belle et la Bête »de 1947. Explications de Jean-Pierre : « Pour les collectionneurs, c’est la rareté qui fait la cote, pas forcément la beauté. Les puristes préfèrent évidemment les tirages originaux, qu’on reconnaît notamment au grain du papier, à leurs dimensions. Une édition originale peut atteindre des sommets, à l’image de cette affiche de 1923 du film muet de Marcel L’Herbier
« L’Inhumaine », vendue 26 500€ en 2013 aux enchères à Paris.
Parmi les très nombreux amateurs d’affiches de cinéma, certains sont des monomaniaques qui se consacrent exclusivement à un acteur, à une époque, à un style de film. Ou alors aux déclinaisons en langues étrangères des grands longs-métrages : une « Belmondo » en version thaïlandaise, une « de Funès » sérigraphiée à Cuba. Autre tendance chez les fanas d’affiches de ciné : les petits formats. La réduction des surfaces des appartements a eu raison des affiches de 120 cm x 160 cm qui sont remplacées par le format 40 cmx 60 cm, plus pratique pour le mur d’une chambre. Et, comme le chantait Nougaro, on peut faire son cinéma.

Guy David : Le dilettante

“Paris la nuit” est un thème qui lui va bien.

Passionné par le « Polar » il dévore les romans policiers, Georges Simenon, Raymond Chandler, Chester Himes, Jim Thompson…tous sont devenus des écrivains familiers à son univers. Guy David devient bouquiniste itinérant et se spécialise dans la série noire et le roman policier américain. Il démarre son activité à Montbéliard puis au village du livre de Cuisery auquel il reste attaché. Depuis 2000 il expose régulièrement ses livres et ses documents au salon des Vieux Papiers à Champerret. Paris la nuit est un thème qui lui va bien parce que dans le polar l’action se passe souvent la nuit avec un zeste d’érotisme, une femme fatale et du rififi. L’intrigue du récit se déroule en général dans les années 50 – 60.
Ces années-là, Albert Simonin publie « Grisbi or not Grisbi », « Le Cave se rebiffe ». Auguste Le Breton publie « Le Rouge est mis », « Du Rififi chez les Hommes », leurs écrits sont associés aux dialogues d’Audiard qui fusent de la bouche de Lino Ventura, Jean Gabin. Frédéric Dard présente son commissaire San-Antonio. Léo Malet écrit les aventures de son détective privé Nestor Burma.
Depuis 10 ans Guy David s’est diversifié dans le curiosa et l’érotisme moderne voire sauvage avec de nombreuses spécialités coquines qui mettent en scène Paris, la nuit.